Le 8 juillet, les clubs français de Foot US recevaient un courrier de notre cher et magnifique nouveau président, Frédéric Paquet, concernant la différence entre l'UFOLEP et la FFFA. Sans grande surprise, et après une lecture assidue, le constat reste le même: il est plus facile de diaboliser un potentiel adversaire que de proposer de véritables solutions.
Une nouvelle fois, les principaux délaissés seront les petits clubs. Les clubs principaux de D2 et d'Elite ou D1++ Premium Gold ou que sais je encore, ne sont finalement que peu concernés. Quoi que. Mais ce n'est pas le principal sujet. Aujourd'hui la fédération se targue d'avoir 80 clubs en D3. Magnifique chiffre. C'est aussi 25 forfaits pour 19 clubs différents dont 6 forfaits généraux. Un club sur 4 a donc déclaré forfait dans cette fameuse D3 qui ne se joue pourtant pas "à 12 joueurs pour jouer à 9 représente un risque important de blessures pour les joueurs et de forfait en cours de match ou en cours de saison.". Et encore, ne sont pas pris en compte les matchs qui ne se sont pas terminés pour X ou Y raisons. La plupart de ces forfaits sont dû à une raison. L'incapacité à trouver ce 16ème joueur pour jouer à 9. Chiffre complétement délirant pour ceux qui pratiquent n'importe quel sport. Quand on pense que le même nombre de joueurs est demandé pour jouer au plus bas niveau de rugby, alors que ce sont quand même 15 joueurs qui s'affrontent de chaque côté.
Alors me dira t-on, c'est pour avoir une pratique mieux encadrée et protégée. Logique implacable et véridique que la santé des pratiquants mise en avant. C'est donc pour ça qu'on réduit la qualité des prestations médicales obligatoires. On passe d'une équipe de Sécurité Civile à un simple PS1. Le financier à l'intérieur de mon crane vous dira que c'est une magnifique idée. Le dirigeant responsable reste sceptique et surtout désabusé qu'on lui parle de sécurité des joueurs sur le terrain et qu'on décidé de réduire ce même cordon de sécurité médicalement parlant.
On me dit que les dirigeants de l'UFOLEP ne font les choses que par guerre d'ego. Je commence à avoir des doutes sur le camp que je supporte aussi.
Que ce soit le prix de l'inscription en championnat, les tarifs d'un forfait, les feuilles de matchs, les exigeances de diplome,la suppression du championnat régional rien ne semble fait pour laisser se développer les petits clubs. Comme une impression, en tant que président d'un club moyen de D3, d'être une vache à lait permettant de financer le haut niveau et la chimère d'une équipe de France de flag performante à LA 2028.
Et pourtant, je fais parti de ceux qui pensent que c'est en se structurant qu'un club fini par avoir une pérénnité dans le paysage local. Je partage votre avis sur le sujet. Mais faut il lui laisser une possibilité de se développer. Difficile d'intéresser des joueurs seniors quand on propose 6 matchs (les grandes années, quand les forfaits ne sont pas légions. Perso aujourd'hui, j'en rêve des 6 matchs sur une saison) dans une saison, avec 3 déplacements de 2h30 minimum dans ces 6 matchs. On nous demande de développer les secteurs jeunes pour renforcer à termes les effectifs seniors. Au delà du fait que les contraintes de déplacement sont les mêmes qu'en senior, comment donner aux jeunes l'envie de continuer s'ils voient leurs seniors jouer 4 pauvres matchs dans la saison ? Car je pense que dans ce combat que semble mener M.Paquet contr les moulins de l'UFOLEP, il est important de rappeler que dans nos clubs, l'UFOLEP, on s'en carre. Nos concurrents directs ne sont pas les 8 clubs d'UFOLEP mais bien le tissu d'associations sportives locales, qui propose une pratique compétitive bien plus régulière que nous. Avec une base déjà importante, là où l'on reste un sport ultra confidentiel. Pourquoi un jeune viendrait tester le foot US plutôt que le hand, le football, le rugby ou le basket ? "Il faut réaliser des actions auprès des jeunes pour ça !". Joli discours. Il est évident que je trouve des bénévoles compétents pour réaliser ces actions juste en traversant la rue.
Et encore, je ne parle que des moyens humains. Je ne ferai pas l'affront à notre sacro-sainte fédération de l'accuser de tous les mots de la planète et de lui en vouloir pour le prix exorbitant du matériel (parce que chez nous on cherche à fournir une solution pour les casques et les épaulières, prenant en compte le fait qu'il serait encore plus compliqué de recruter si nos petits nouveaux devaient claquer 500 balles de matériel pour commencer) ou pour les déboires avec les différentes mairies qui n'en ont globalement pas grand chose à secouer du football américain en France.
Mais une fois passé ces écueils, il faut en plus que les petits clubs affrontent leur propre fédé pour espérer exister,avec les contraintes citées plus haut. Et c'est là que ça devient insupportable, pour tout dirigeant un minimum doté de plus de 15 de QI et d'une volonté de faire exister le foot américain en France. Et quand un autre propose un début de solution ,aussi bancal soit-il, mais qui semble quand même convenir à quelques clubs, au lieu d'une réelle remise en question, on préfère proposer des évolutions au mieux minimes, au pire négligeable et pointer du doigt la méchante UFOLEP. Comportement d'ex-toxique ça, ma chère fédé d'amour.
C'est bien de me dire que tu veux construire avec nous Frédéric. Mais aux paroles, il faut associer les actes. Le développement d'un sport passe par sa structuration certes, mais aussi par une pratique plus loisir. Parce qu'avant de se structurer, il faut déjà que les clubs puissent exister. Et j'ai malheureusement l'impression que c'est le cadet de tes soucis.
Et pourtant, chez nous, nous ne sommes concernés qu'indirectement. Les Phénix de Limoges évolueront très probablement en D3 l'an prochain. Pour au minimum la 12ème saison de suite, on évitera les forfaits. Parce que par chez nous, on préfère mourir sur le terrain qu'abandonner avant d'y avoir mis un pied. Mais j'ai la chance d'être accompagné de fous furieux et je ne peux exiger aux autres clubs d'avoir ce privilège.
Alors je passe par l'écrit, pour exprimer mon ras le bol et notre ras le bol à beaucoup. De voir notre sport pris en otage par une élite qui a décidé que le foot se pratiquait d'une certaine manière et que les gueux n'ont qu'à s'adapter. Marre de voir une pseudo culpabilisation des clubs, qui ne voudraient pas se structurer et continuer à jouer comme des sauvages. Soulé d'une stigmatisation des choses différentes, comme si la parole fédérale était parole divine et ne valait en aucun cas la peine d'être discutée.
Car on ne monte pas une jolie maison sans avoir une base solide. Et la base c'est nous, les petits clubs, des Phénix de Limoges aux Atlantes de Biarritz, des Devils de Cenon aux Centurions de Chalon sur Saone, des Poséidons de Cusset au Aigles de Meaux, des Celtics de Larmor-Plage aux Jaguars de Chateauneuf-les Martigues,des Dragons de Poitiers aux Anges de Mont de Marsan, des Rhinos d'Agen aux Shinagamis de Béziers. Des dizaines de gars, que dis-je, des centaines voir un bon millier,qui ne rêvent que d'une chose: pouvoir jouer avant de rêver plus grand.
A bon entendeur.
Pierre Audousset, président des Phénix de Limoges.