« Il arrive quand l’article du match ? » « J’ai rechargé le site et j’ai vu que t’avais encore rien posté, tu fais ça quand ? » . Lâchez moi les pompes, on ne peut plus être malade tranquille , même faire ce que l’on aime (me moquer de mes petits camarades ) devient une corvée. Mais bon, je vous aime bien. Donc, grand seigneur et ami du peuple,je cède donc à la partie macroniste du vestiaire, je sors mon meilleur bourbon et mon meilleur cigare cubain et je me lance dans la rédaction de ce résumé de match. Allez Père Castor, raconte nous l’histoire de ce match.
Il était une fois, le Dimanche 1er décembre, 14h à Cenon la J2 du Championnat Drégionnal. Les Phénix, défaits à la maison pour le match d’ouverture, se rendent chez les Devils de Cenon, aussi battus à Poitiers pour la J1. Deux équipes en quête de rédemption donc, qui profite du soleil bordelais pour jouer au football.
Et le match démarre magnifiquement mal pour les Phénix. Dans les premières minutes du match, les Devils s’en vont ravir leurs publics en scorant. TD transformé à deux points (8-0). Très peu de temps après, le manque d’inspiration envoie les Phénix en 4ème, punt remonté par les Devils sur une position intéressante. Ils ne se font pas prier en s’en vont doubler la mise sur une belle passe, qui inaugure le match de notre rookie Rochan Tarrade, parti chercher du pain sur l’action(bienvenue dans l’équipe mec), avec un TD non transformé ce coup-ci (14-00). Voilà donc une histoire qui semble bien mal commencer pour nos amis Phénix. Il faut dire qu’à force de jouer avec le feu, on peut se brûler et là, les limougeauds semblent vouloir jouer avec, mais avec des gants imbibés d’essence (les enfants, ne faites pas ça chez vous). Bref fin du 1er quart et le constat est pour le moment assez limpide : les Devils jouent au football américain et les Phénix à « Si on fait quelque chose de bien dans le match, on est briviste » alors que ce n’est pas du tout le moment. Mais le second acte arrive.
Second quart temps donc. L’heure de l’entrée en scène de notre chevalier blanc. Quand je dis chevalier blanc, c’est une image littéraire. Notre sauveur du jour n’est ni cavalier, ni mauvais danseur. Bref, trêve de bêtise, il est l’heure de mettre un coup de projecteur sur l’homme providentiel du jour chez les Phénix : Marwin Verin. Marwin est un homme simple, qui aime les choses simples : le bon rhum, zouker avec son reflet quand il est saoul (vous l’aurez compris,il est…fan de soirée (antillais,il est antillais)) et mettre le bazar dans les défenses adverses avec sa pointe de vitesse (chez les Phénix, mais aussi à la pointe de l’attaque du club de foot de St Jouvent). Notre cher Marwin est donc servi par Martin Boutonne à la passe sur le côté droit du terrain, petite feinte de corps et prise d’appuis pour rentrer intérieur, accélération, et vous ne le reverrez plus chers défenseurs des Devils. TD transformé à deux points, d’une passe de Martin Boutonne sur Marwin Verin (14-06). Côté Phénix, on se dit que la machine est relancée. Enfin. Surtout que la défense semble aller mieux, avec la pression mise par Thomas Gay (encore auteur de plusieurs sacks), des plaquages appliqués de Mike Keyser et d’une interception de Luc Degeorges. Le rouleau compresseur va-t-il se mettre en marche ? Que nenni. Parce que nos chers Phénix sont une équipe de banturles. Et vont laisser l’occasion aux Devils de reprendre de l’avance. D’abord, une intervention défensive de Luc Degeorges sur une petite passe latérale des Devils. Le receveur capte le ballon mais Luc a eu la vision, et est déjà sur son dos pour intervenir et chatier son adversaire. Car c’est bien là tout ce qui attend le malingre qui a eu le malheur de capter ce ballon suicidaire. Mais. Car il y a un « mais » . Là où tout homme normalement constitué intellectuellement serait allé mettre un bon plaquage dans les côtes, geste faisant parti des 2 275 gestes légaux pour plaquer avec rudesse son adversaire dans notre sport, non, il a fallu que Monsieur Degeorges décide d’y aller casque en avant, à hauteur de tête de son adversaire, chose qui est bien sur pénalisable de 15 yards et d’une première automatique. Pire, l’entièreté du stade est contre lui, ses coéquipiers et amis les plus fidèles compris, même les gens qui passent dans le Parc du Rocher de Palmer s’arrêtent pour lui dire qu’il a déconné, mais cet escroc, mafieux comme Charles Pasqua, s’insurge et dit qu’il a mis les mains. Pire, une vidéo prise du match,dans un angle très flatteur pour son geste, postée sur un groupe Facebook de gens qui ont décidé qu’arbitrer était une passion, créé un débat et certaines personnes, qui sont sensés normalement être arbitres (mais qui ont dû lire les règles pour la dernière fois en 1845), trouvent son geste « Normal » alors que tout le monde dans le stade dit que non, son avocat compris. Pire, un mec du groupe dit que sur l’action, Luc fait block dans le dos. Pire, les Phénix perdent 15 yards et décide ensuite d’appeler une « Cover 0 » dans le sens où apparemment personne n’est couvert dans le fond du terrain et le Quaterback des Devils profitent de la solitude d’un des 3 receveurs qui gambadent dans le dos des défenseurs limougeauds pour le servir et inscrire un nouveau TD. Non transformé une nouvelle fois (20-08). Bon l’histoire se recomplique pour nos chers limougeauds, mais pas pour longtemps. Bon drive offensif et Jordan Rumeau-Rakotomalala fait parler sa vitesse pour aller conclure dans le coin de la endzone sur une course de 6 yards. TD non transformé au pied (20-14). Encore plus surprenant qu’un match à deux TDs ces dernières années chez les Phénix, sur le coup de pied d’engagement, Luc Degeorges envoie une sacoche monumentale, le ballon est dévié par un joueur des Devils et roule derrière l’en-but. Au foot US, ça s’appelle un safety et ça rapporte 2 points (20-16). Fin d’une première mi-temps riche en émotion.
Début du 3ème acte. Pour les Phénix, l’objectif est clair, marquer d’entrée de jeu. Bien sur, ça ne va pas se passer comme ça, si la vie était trop facile, mon cardiologue aurait bien moins d’argent. Premier drive raté donc, mais la défense a serré les rangs et emmène les Devils en 4ème et Punt dans leurs 20 yards. Moment choisi par nos amis bordelais pour faire une première énorme boulette, le punter rate la balle, qui roule, qui roule, jusque devant la endzone, le punter des Devils la ramasse et Thomas Gay ramasse le punter des Devils. 1ère et deux yards à faire pour les Phénix. Faites résonnez les tambours de guerre et sonner les cornes de brumes, il est l’heure de mettre en place l’arme de siège. Au Moyen-Age, pour forcer les portes des châteaux ennemis, les assiégeants pouvaient utiliser un ustensile nommé : bélier. Cette année,chez les Phénix, cet ustensile à un nom : Pierre Audousset. Alors plus proche du mammouth que du bélier, selon ses adversaires (légèrement vexant, je dois l’avouer), Pierre Audousset, c’est 1m90 pour 135 kilos, des dimensions qui ne sont pas sans rappeler un frigo américain, un ours ou la taille de la responsabilité de François Hollande dans l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. Bref, ça n’a normalement rien à faire dans un backfield au foot US, mais pour le coup, ça y est. Le voilà donc servi avec le ballon et il fait ce qu’il sait faire de mieux, avancer tout droit. Alors oui, toute l’équipe de Cenon cherche à arrêter l’avancée du colosse, quelques supporters descendent des tribunes pour aider, les pompiers de la ville arrivent avec une corde afin de retenir l’animal, mais rien n’y fait. Son gabarit, le travail remarquable de sa ligne offensive (Julien Tissidre, Julien Pouget,Tommy Longeannie, on vous aime) et de l’ensemble même de ses collègues, ainsi que sa roublardise et de sa connaissance des règles pour tout simplement tomber en avant, bras tendus afin que le ballon passe la ligne. TD, son premier en carrière, qui sera non transformé (20-22). Et les Phénix ne s’arrêtent pas là. La défense semble avoir définitivement repris le dessus sur les Devils, le ballon est une nouvelle fois récupéré et sur un drive rondement mené avec des catchs de Maxime de Rance, de Wilfried Sautron et une course extérieure de Jean Baptiste Michel, notre chevalier blanc (toujours la figure de style),fait sa réapparition. En effet, sur un jeu de passe appelé, Pierre Audousset, tronche de con devant l’éternel, décide de n’en faire qu’à sa tête et de changer son tracé car selon ses dires « Le jeu le demandait ». Le prophète du jeu ,avec son nouveau tracé, créé un appel d’air dans la défense des Devils, happée par la présence charismatique du mammouth limougeaud. Vous vous doutez bien qu’un appel d’air créé par un mammouth, ça laisse un espace immense, et c’est cet espace immense que notre cher Marwin Verin exploite. Martin Boutonne l’a vu et le sert. Marwin Venin n’en demande pas plus pour distiller son poison et inscrire son second TD. Non transformé encore une fois (20-28). Le 4ème acte approche et le scénario semble avoir tourné.
Enfin, il aurait dû avoir tourné, être enterré définitivement, ce scénario. Le momentum est clairement pour les Phénix, l’attaque des Devils n’avance plus, et celle des Phénix score. Pire, il reste 8 minutes dans le match lorsque Luc Degeorges plante une seconde interception, ce qui porte son total à l’année à 3. Amenez le prêtre, il est l’heure de donner sa dernière onction au Diable. Mais on ne vend pas la peau du Devils avant de l’avoir tué. Et sur une course intérieure, Jordan Rumeau-Rakotomalala, grand fan de cliffhanger, décide de relancer les débats en faisant un fumble au milieu du terrain. Ok, c’est sympa Steven Spielberg, mais là, ça n’aide pas l’équipe. Et derrière, alors que la défense tient remarquablement bien depuis le début du 3ème acte, les acteurs décident de jouer n’importe comment et permettent un TD à la course du QB de Cenon qui se glisse entre les mailles du filet après un long drive. TD Transformé à deux points (28-28) . Il reste 3 minutes. Et honnêtement, y a une sale odeur de bouillon côté Phénix. On vient de prendre un coup de massue et le dernier drive doit être mené sans le tackle gauche Julien Tissidre, sorti sur blessure et remplacé par Vincent Ruby (QB 2, Middle Linebacker,Defensive End, Tackle, accompagnateur des jeunes, arbitre junior,sang du dragon de la maison Targaryen, Père des dragons, Khaleesi de la Grande Mer Herbeuse, ect.). Et pourtant. Martin Boutonne fait avancer l’attaque jusqu’au 30 yards adverse. Et qui surgit une nouvelle fois de la lumière, venu de l’est à l’aube du 5ème jour ,au son du cor de Helm ? Marwin « Poizon » Verin. Un nouveau catch, une nouvelle accélération, un nouveau TD . Non transformé encore une fois (28-34). Les Devils vont avoir une dernière offensive mais Wilfried Op’t’hoog viendra gifler le ballon pour mettre fin à l’histoire. Victoire. La première depuis bien des lustres.
Malgré tout, il faut noter la très bonne performance des Devils qui ont fait douté les Phénix et qui ont joué crânement leur chance. Côté Limoges, il y a encore un boulot monstre pour retrouver un semblant de niveau d’antan et redevenir l’équipe qu’elle a pu être dans la région sur cette dernière décennie.
Merci aux Devils pour leur accueil, merci aux arbitres et à nos accompagnateurs.